Jules. Si vous cherchez Jules, déjà, soyez prévenus que c'est une demoiselle. Nan, mais parce que y'a pleins de gens qui sont allés la voir, et ils s'attendaient à voir un mec, avec un prénom de merde. Mais en fait, c'était une fille, avec un prénom de merde. Jules n'est pas facile à cerner. Elle semble particulièrement blasée de la vie. Plus grand chose ne l'amuse, c'est attristant.

Jusqu'ici, je l'ai presque toujours vue aller aux fêtes estudiantines, et bizarrement, c'est la fille qui parle dans un coin de la salle, qui ne danse pas beaucoup, mais surtout qu'on ne verra pas ivre. Quand tout le monde finit la tête dans les toilettes, elle est celle qui tient vos cheveux pendant que vous videz votre estomac. Mature ou juste trop coincée, difficile de faire la différence. Pourtant comme ça, elle a l'air assez extravertie. Elle n'a aucun problème pour parler avec les autres.

Tiens, la dernière fois, il y avait cette dispute, près du distributeur à café. Elle a calmé les types en moins de temps qu'il faut pour le dire. Diplomate, peut-être. La seule chose dont on est sûr, c'est qu'elle a toujours des problèmes avec les mecs. Jules, c'est la fille qui s'est faite jeter, une fois, deux fois, dix fois, et qui continue à se faire avoir. Parce qu'elle est belle, Jules. Mais elle s'en rend pas trop compte.

Elle est du genre à être triste, à pleurnicher dans son coin, à boulotter pleins de trucs caloriques, puis à aller se faire vomir. Parce qu'elle a peur de grossir, qu'on l'appelle « la baleine », et qu'on la prenne définitivement pour un mec. Mais ça ne se sait pas, Jules ne le dit à personne. Elle veut pas qu'on dise qu'elle est anorexique, déprimée ou qu'elle a un problème mental. Alors Jules, elle a une grande gueule. Et elle l'ouvre, un peu trop souvent. Ça en énerve plus d'un. Enfin, surtout les filles. Généralement, les demoiselles n'aiment pas Jules. Elles se moquent de son prénom, de ses échecs amoureux, de la façon dont elle s'habille. Alors Jules évite les filles, traîne avec des mecs, tombe amoureuse, et se fait jeter. Et l'histoire recommence.

Don : Paillettes.
Description : Jules est la fille aux paillettes. Elle pleure des paillettes, elle vomit des paillettes, elle tousse des paillettes, elle éternue des paillettes, son sang est pailleté. Les paillettes sont partout, elles brillent, elles étincellent. Elle peut en produire par poignées, et les jeter. Elles ne disparaissent pas. Elles s'envolent. C'est un pouvoir inutile, pathétique, sans intérêt. Mais c'est joli, alors Jules s'en contente.
Maîtrise : Aucune. Elles font partie d'elle. Elle ne peut pas les empêcher d'intervenir, d'apparaître, de tomber par centaine.

« T'as un bouton en plein milieu du front. » Elle gonflait ses joues, et aussitôt, elle se mit à pleurer. Elle s'enfuit, et j'eu juste le temps d'apercevoir sa longue chevelure blonde dans son dos. « Mamaaan. C'est horrible, regaaaarde. » Maman se pencha et observa le visage de ma sœur, Ludmila. Elle sortit sa trousse, celle qu'elle n'utilise que pour les cas d'extrême urgence. Quand je courrais trop vite, et que je m’égratignais le genou, ou quand Ludmila se cassait un ongle. Elle mit un peu de crème magique sur la rougeur, et souffla dessus. Ludmila se retourna vers moi, et me tira la langue. Je haussais les épaules.

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« Mamaaaan. » Je foudroyais Ludmila du regard. « Tais-toi. » Elle tripota l'ourlet de sa robe. « Je sais tout. » Je cachais ma main derrière mon dos, et feignais l'innocence. « Pardon ? » Elle montra du doigt la main que je dissimulais. « Je t'ai vu. Et je sais que ce n'est pas la première fois. » Je plantais mon regard dans le sien, et je présentais la paume de ma main, couverte d'une multitude de paillettes. « C'est inoffensif. Ne dis rien à maman, d'accord ? Ce n'est pas important. » Elle fronça les sourcils. « Je vais lui dire. » Elle tourna les talons, et je sus à ce moment qu'elle ne reviendrait pas sur sa décision. J'étais cuite.

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J'entrais à Clever Cross. Très vite, je devenais la risée des élèves. Contrôler un élément, pouvoir torturer les gens par la pensée, traverser les murs, que nenni. J'étais la paumée. La presque-humaine. Moins extraordinaire qu'une dotée, et plus anormale qu'une humaine. « Jules. C'est ça ? » Je levais les yeux. Un mec. Beau. « C'est moi. » Il sourit. « On fait une petite fête, et comme on est dans la même classe depuis un moment maintenant, je propose à tout le monde de venir. Ça sera cool, tu verras. » Je hochais la tête, mais j'étais pas emballée. Pourtant, je m'y rendais. Je faisais même attention à la tenue que je porterais, je laissais mes cheveux détachés, je me maquillais légèrement. Je débarquais. Aussitôt, je sentais les regards des demoiselles me perforer. Sainte nitouche. Moche. Grosse. La fille sans pouvoir. L'erreur. Les murmures glissaient sur chaque cellule de ma peau. Je faisais semblant de les ignorer, et allais me cacher près du bar. « C'est cool que tu sois venue. » Je me retournais. Sourire colgate du prince charmant, j'acquiesçais. « Fais le tour, parle avec les autres, détends-toi. » Je pinçais les lèvres, et balayais la salle du regard. Comment lui dire que je ne connaissais pas vraiment les gens qui étaient ici ? Que j'étais plutôt du genre seule, à me parler à moi-même, à voix haute ? Que les 3/4 se foutraient de ma gueule quand je leur dirai que je m'appelais Jules ? Il me glissa un verre dans les mains, et me poussa, plaquant sa main dans mon dos. Il me stoppait devant un type, cigarette coincée entre les lèvres. « Hendrix. J'te présente Jules, et je te la confie. » L'intéressé le dévisagea et écrasa rageusement son mégot contre le rebord de la fenêtre. « J'suis pas un putain de baby-sitter. » « J'ai vraiment l'air d'avoir 8 ans ? » Il me sourit. « Baby-sitter de ses plans culs, Juju. » J'écarquillais les yeux, et Sourire Colgate se gratta la tête, gêné. « Enfoiré. » Je vidais mon verre sur le haut de son crâne, et je disparaissais, rouge de honte.

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« Juju, comme on se retrouve. » Je soupirais. « Je dois t'avouer que je me suis ennuyé, depuis la dernière fois. Il faut avouer que tu avais mis le niveau très haut. Il leva le menton. « J'ai des raisons de penser que tu connais la petite blonde, là-bas. » Mes yeux se posaient sur la silhouette. « Qu'est ce qui te fait dire ça ? » Il sourit, sortit son zippo de sa poche, et tenta de l'allumer en vain. Il ronchonna, claqua des doigts, et une douce flamme s'échappa de son index. Il grilla l'extrémité de sa cigarette, et soupira un épais nuage grisonnant. « Même nom de famille. » Je penchais la tête. « Bravo, Sherlock. Mais ne me demande pas de t'arranger un coup avec. C'est mort. » Il éclata de rire. Il s'approcha, et souffla sur mon visage. Je plissais du nez, et toussais. Des paillettes se répandirent partout autour de nous. « Tu t'es trompée, petite fée clochette. Ta frangine sort avec le mec sur lequel tu as "accidentellement renversé" ton verre. » J'eus un haut-le-coeur. Ludmila. Avec ce gros naze ? Hendrix hocha la tête, et soupira. « Je sais, Juju, je sais. »

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Enveloppée par les bras d'Hendrix, je plongeais mon regard dans le sien. Ses magnifiques yeux, couleur ardoise. Je souriais, et il faisait de même. Je m'étais habituée à lui voler son sweat. J'adorais sentir l'odeur de la cloque imprégnée dans le tissu doux. Tendrement, il souleva mon menton, et nos lèvres se rencontrèrent. C'était sucré. Je frissonnais. J'étais heureuse. Il était merveilleux, avec sa crinière sauvage, indisciplinée. De loin, j'apercevais Ludmila, mais je me savais plus forte. J'étais protégée. Dans ma bulle de bonheur. Plus rien ne pouvait m'atteindre.

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Je brûlais chaque partie de toi, mentalement. Tes bras pleins de poils frisés. Tes yeux d'escargot, qu'on aurait gobé, puis craché par un crapaud. Ton vieux sweat troué, rêche, qui puait la clope. Ça me donnait la nausée, tu sais. Comme tout le reste, tu me donnes envie de vomir. Tes lèvres sèches, et pleines de peaux mortes. Tu puais de la bouche, en plus. Tes cheveux, qu'on aurait coiffé avec un aspirateur. Tu n'étais qu'un gros naze. Comme tous les autres. Comme tous ceux que j'ai aimé. Le médiator porte-bonheur, que tu m'as offert en souvenir de « nos 2 mois de relation », j'en fais un feu de joie, avec tout le reste. Toi qui aimait tellement cramé ce que tu avais sous les mains, cette fois, c'est moi qui m'occupe de consumer chaque souvenir de toi. Chaque petite partie ignoble de toi. Les photos, les petits mots doux, les promesses. Tous ces trucs. Tu as joué avec moi. Enfoiré.
« Désolé, Jules. Mais je ne t'aime plus. Je vais me mettre avec Ludmila. » Parce qu'elle est plus belle que moi ? Plus mince ? Qu'elle a un don utile ? Que tous les mecs la convoitent ? Pauvre nul. Va crever.

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Verbum Pretium.
L'école a fait boom.
Je me retrouve ici. Avec les autres.
Avec ceux de Synchronicity, Clever Cross, Virtus Insania.
Nous sommes tous ici.
J'ai peur.
A qui fait confiance ?
Espoir, ne m'abandonne pas.