Être toi, c’est compliqué, Camille, être toi, c’est gérer les emmerdes. C’est être un type d’un naturel calme, poli, posé, qui se prend la vie dans la gueule et lui rend bien. Tu dois gérer la dualité d’être à la fois fille et garçon, les deux à la fois, aucun complètement, ouais, c’est simple de se sentir bien avec soi-même dans ce genre de cas. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà que la haine bouillonne en toi. Pas contre le monde, pas contre un concept abstrait, mais contre quelqu’un de bien réel, bien matériel, beaucoup trop matériel, trop vivant à ton goût. Gabriel de Saint-Andrez, l’adversaire, la Némésis. Oui, à ce point. Une histoire qui remonte à votre tendre enfance ; là où, dans les contes de fée, l’histoire d’amour prend racine. Mais ce n’est pas une histoire d’amour, c’est une épopée de haine.
Pas moins.
Alors les gens s’étonnent de te voir être en société. Avec les inconnus, tu es le garçon poli, calme, celui qui lit durant les pauses, qui aime passer un peu de temps sur l’ordinateur, parfois un peu trop de temps, mais peu importe. On te dit gentil, agréable, car tu l’es avec le commun des mortels. Mais les choses peuvent changer, dès que St-Andrez est impliqué. Tu n’uses pas de son prénom, trop intime, autant garder une certaine distance. Quand les choses tournent autour de lui, te voilà plus amer, sur la défensive, le sarcasme se réveille, tu deviendrais presque égoïste, prêt à laisser des innocents sur le champ de bataille de votre haine. Et depuis l’attentat de Synchronicity, voilà que tous deux devez rester ensemble, tu as une malheureuse dette envers lui. Gabriel de Saint-Andrez a perdu ses jambes, tu deviens malgré toi l’écuyer de sa majesté dans son royal fauteuil roulant.   

Don : Changement de sexe.
Description : Ou comment, en étant né avec un pénis se retrouver en un claquement de doigts avec un vagin. Camille deux en un, un jour un peu plus grand que l’autre, un autre une poitrine un peu plus ronde et des hanches plus creusées. Avec les avantages et les inconvénients de chaque sexe. Oui, vous ne rencontrerez surement jamais un homme qui comprenne si bien les douleurs menstruelles. Le changement n’affecte cependant que le sexe biologique et non le genre.
Maîtrise : En bonne voie. Encore trop de changements inopinés, de situations délicates peut-être, ou parfois d’incapacités à se transformer, mais globalement, le don n’est plus le principal problème de l’enfant Douze.
 

Ta vie n’est pas si longue, pas encore, tout juste vingt ans. Mais remplie d’évènements, trop peut-être. Naissance le 12 janvier, comme un mauvais calembour avec ton nom, à Bruges, en Belgique. Tu n’en connaîtras pas grand-chose, de cette terre, tu n’as que deux ans quand tes parents déménagent en France, s’installent en Normandie, l’immobilier les avantage, le marché de l’emploi aussi. Pour socialiser avec les voisins, tu es invité à l’anniversaire du fils de la maison d’à côté.  La guerre s’allume, vous n’avez que deux ans. Tout commence avec une malheureuse histoire de Petit Écolier de Lu que tu aurais volé.
Puis la lutte continue, le pugilat d’enfants se transforme en jeu d’échec où chaque coup se calcule. Gabriel de Saint-Andrez insulte ton père et son récent compagnon, tu n’as que onze ans, tu lui envoies une théière, l’eau bouillante mange une partie de la peau de son visage. Le jeu malsain continue au fil des années, parfois quelques coups d’éclats restent dans les mémoires. Il subtilise tes seringues d’insuline, après que ton diabète ait été diagnostiqué, t’envoyant à l’hôpital. En retour, tu manques de tuer sa précieuse sœur. À quinze ans, tu découvres ton don, Il découvre lui aussi ta capacité. Pour venger sa sœur, il s’amuse à te faire prendre conscience des faiblesses de ton corps, t’imposant sa présence dans ton espace intime et découvrant du même coup ses capacités à brûler la chair.
Vous partez pour Synchronicity, en Russie, une erreur de dossier, des effectifs déjà remplis ? Le fait est que vous partez pour Saint-Pétersbourg et non pour Clever Cross. Vos échanges de haine continuent, Saint-Andrez cherche à t’isoler, à t’interdire toute relation amicale aussi bien que sentimentale. Le rêve. Puis un jour, l’explosion. L’école est attaquée, un attentat, quelque chose, tu ne sais pas vraiment quoi. Personne ne sait. Tu aurais dû y mourir, si l’ennemi ne t’avait pas poussé, recevant le parpaing qui aurait dû t’achever sur le dos. Il perd la capacité de se tenir debout, se retrouve en fauteuil. Toi, tu es sauf, un peu blessé, mais sauf. Sauvé par celui qui désire le plus ta mort.
Le temps de la rénovation de l’école, vous vous retrouvez dans la stricte école de Virtus Insania, rien qui ne puisse t’enchanter. La scolarité est dure, la compagnie de St-Andrez également, à cause de ta dette, il te fait travailler pour lui, tu dois l’aider, rester à ses côtés. Et toi, par fierté, tu joues le jeu, attendant le moment de le faire tomber.
St-Andrez sur son trône médical ne tombe pas, mais une bombe explose dans une école, Clever Cross cette fois. Les établissements des Misayas sont décidément pris pour cibles et la décision est prise d’envoyer les élèves européens dans une école unique, mieux administrée, mieux protégée, ou du moins tu l’espères. Le futur Baron de Mertoz est toujours là, mais tu aspires à fuir sa présence, à tenter de vivre une vie pour toi même, le plus loin possible de cette relation toxique, abusive dont vous êtes tous deux bourreaux et victimes. Dommage qu’il demeure malgré tout ton seul point de repère et que votre haine vous pousse malgré tout à passer du temps tous les deux.